Les Carpétologues au Pays de Forez-Est

La carpétologie est une science peu connue.

La première phase du protocole carpétologique consiste à collecter des échantillons de vie dans un périmètre soigneusement choisi : souvenirs, témoignages, légendes urbaines et rurales, recettes de cuisine, tissus, paysages, clichés photographiques ou dessinés, expressions, habitudes, chansons et promenades, motifs et couleurs présents dans nos quotidiens… Si présents que nous n’y prêtons plus attention!

Tout comme la chair à saucisse ne serait rien sans moulinette, les trésors recueillis ne fourniraient qu’un froid catalogue sans la “transmutation carpétologique”! Une transformation artisanale et artistique nourrie de la sensibilité du carpétologue.

Ainsi, dans cette deuxième phase, les carpétologues traduisent ces découvertes avec leurs outils, en écrits, dessins, costumes, sérigraphies, objets, sons.

Afin de faire découvrir plus précisément cet étonnant processus – plus magique que scientifique – les carpétologues ont pour habitude, pour clore leur enquête, d’organiser une grande fête.

Les Carpétologues sont venus enquêter pendant un événement culturel ô combien important à Forez-Est, le comice agricole de Feurs. C'est l'occasion pour Zoé et Louise de découvrir les concours de cuniculiculture, les concours bovins et les concours d'aviculture.

Quelques temps plus tard, Louise et Julia sont allés à la rencontre de Laurent et Béatrice dans leur ferme à Marclopt en avril sur les conseils d'un habitant croisé dans leurs pérégrinations. Avec habilité les 2 artistes questionnent ces agriculteurs qui a presque 60 ans ont un certain recul sur leur profession, tantôt défaitistes, tantôt plus optimistes.

Des questions naissent de ces rencontre : Avec les changements climatiques, quel sera l’avenir de nos pratiques agricoles ? Sortir de la monoculture, diversifier ses productions, revenir à des formes de paysannerie, seraient-elles des solutions d’avenir ? Faut-il être hors système pour s’en sortir et freiner l’agrandissement coûte que coûte ?

A la lecture de ce résultat la Communauté de Communes de Forez-Est a décidé de programmer le spectacle Tant qu'il y aura des brebis de la Cie La Dernière Baleine sous la Halle Municipale de Cottance.

Quand on arpente les communes de Forez-Est on identifie rapidemment que l'industrie s'est installé à la campagne, les sheds, les cheminées en brique, le vocabulaire des tisserands...

Les Carpétologues ont visité les musées du territoire, passeurs de cette mémoire textile locale (musée du tissage et de la soierie, musée de la cravate et du textile, atelier-musée du chapeau).

Si Gérard leur a partagé son amour pour les métiers à tisser et le son du bistanclaque, Stéphanie, elle, leur décrit sa maison-atelier. Bernadette quant à elle se remémore son enfance à la manufacture Loire-Piquet et la fermeture de celle-ci.

Le samedi 13 mai dans la salle des fête de Valeille, au milieu du pays de Forez-Est, a eu lieu la grande fête de la carpétologie !

A deux pas du vide grenier valeillois et au milieu des petits et grands, les carpétologues ont présenté leur travail dans une belle exposition. Celle-ci regroupait toute leur recherche réalisée pendant les 8 semaines de leur résidence : sons, dessins, costumes, tapis, sérigraphies…! Chacun a pu se laisser surprendre par les diverses productions qu’elle abritait.

Puis, au son du banjo de Julia et du bistanclaque transformé en percussions, les carpétologues ont lancé la fabrication collective d’un immense tapis en feutre !

De multiples mains et pieds ont frotté ensemble toute la journée la laine pour donner naissance à cette œuvre finale et à quelques courbatures… Par cette image de fiction, les carpétologues ont souhaité questionner :

Comment valoriser et soutenir les multiples initiatives de partage portées avec tant d’énergie par les habitants de Forez-Est ? Du sport-boules aux fêtes de classards, du jardinage aux visites pleine d’anecdotes de passionnés du patrimoine…

Comment les faire se croiser entres elles ? Comment leur permettre d’apprendre les unes des autres ?

Et comment les artistes et leurs savoir-faire peuvent-ils être acteurs de ce développement ?

On pourrait imaginer que les comité des fêtes de différents villages échangent leur secret sur l’organisation d’une fête réussie, que les classards créent des chars complétement fous grâce à l’aide de sculpteurs, que des concerts soient organisés dans des potagers de particuliers pour y inviter les voisins à découvrir autrement ces jardins secrets…

Affaire à suivre…!

Et c’est ainsi que les carpétologues sont reparties, des souvenirs plein le cœur, des idées plein la tête, vers d’autres contrées…

Tout comme leur exposition, qui parcourt les routes !